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Histoire

L'origine du sabre japonais

Selon certains historiens, la forge et le travail du métal firent leur apparition au Japon environ deux siècles avant J.C. Le sabre japonais, symbole de la caste des Samouraïs, évoluait au cours du temps pour s'adapter à son utilisation dans un contexte historique donné. Au départ, les lames étaient en bronze, elles ont été ensuite remplacées par les lames en fer, puis en acier trempé.

 

Jusqu'au début du VIIIème siècle (bien avant l'épopée des Samouraïs !), les guerriers Mono No Fu se battaient à pied, utilisaient des 剣 / Kens, modèles de sabre à lame droite et à double tranchants, très proches des épées chinoises. A partir de l'an mille, afin de faciliter le combat des cavaliers, le 刀 / Katana, ou plutôt le 大刀 / Tachi son précurseur, à la forme courbe et à un seul tranchant, fut inventé - puisqu'à cheval, il est plus aisé de pourfendre que de transpercer (!) - marquant ainsi la forme et le style si caractéristiques des sabres japonais, regroupés sous la dénomination 日本刀 / Nihon To. La fabrication de ces armes blanches atteignait son apogée vers l'an 1600. A ces époques-là, l'enseignement du sabre se divisait en deux courants, qui sont à la fois complémentaires et supplémentaires : le 剣術 / Ken Jutsu - combat au sabre - et le 居合術 / Iaï Jutsu - art de trancher en dégainant d'un seul geste, en particulier, pour contrer une attaque imprévue. C'était bien cette seconde branche qui a permis la création du Iaïdo.

Les écoles anciennes de Iaïdo

Les toutes premières formalisations du Iaïdo avaient eu lieu vers la fin du XVIème siècle. L'enseignement et l'apprentissage se sont alors rapidement répandus, diversifiés et enrichis dans le temps de disciples en disciples. Ainsi furent nées les différentes écoles et les différentes formes historiques que l'on regroupe à nos jours sous le vocable 古流 / Koryu ou " écoles anciennes ".

 

De nombreux styles du Iaïdo étaient issus à l'origine de quelques seules traditions fondamentales de Ken Jutsu ou de Iaï Jutsu, notamment, (i) Nen Ryu (considéré comme le premier style codifié de Ken Jutsu issu de l'enseignement d'un moine chinois Siheo-Lianzhen, début du IXème s.), (ii) Chujo Ryu (XIVème s., célèbre pour ses techniques du sabre court Kodachi), (iii) Shinto Ryu (XVème s., la seule école d'arts martiaux reconnue à ce jour comme " Patrimoine culturel immatériel " par le Ministère de la Culture Japonais) et (iv) Kage Ryu (XVIème s., renommé pour son enseignement de Batto Jutsu avec l'utilisation du sabre long Nodachi) : l'école Shinkage Ryu que je pratique, se situe directement dans la lignée de ces traditions. Autrement, parmi les écoles de Iaïdo les plus célèbres, il convient de citer : Hayashizaki Ryu (ou encore, Shinmei Muso Ryu, Jushin Ryu, considérée comme la plus ancienne), Tamiya Ryu (enseigné aux Shoguns), Omori Ryu, Hasegawa Eishin Ryu, ainsi que Muso Jikiden Eishin Ryu et Muso Shinden Ryu (deux écoles les plus pratiquées dans le monde).

 

En dépit d'une grande variété de principes, de théories et de méthodes de pratique au sein de ces écoles, qui se comptaient par centaines, voire par milliers, les techniques fondamentales enseignées sont très ressemblantes ; les distinctions portent surtout sur la manière de saluer Reigi (l'étiquette), de travailler les séries d'enchaînement Katas et de rengainer Noto.

L'école Shinkage Ryu

" Always surpass the one you were yesterday "

Yagyu Sekishusai, fondateur de l'école Yagyu Shinkage Ryu

 

新陰流 / Shinkage-Ryu, qui signifie " Ecole Nouvelle de l'Ombre ", est une école traditionnelle de combat au sabre Ken Jutsu, et aussi, à main nue 柔術 / Ju Jitsu. Fondée à la fin du XVIème siècle par le grand maître du sabre 上泉伊势守信纲 / Kamiizumi Ise No Kami Nobutsuna (1508-1578, également connu comme l'inventeur du Fukuro Shinaï, modèle de sabre composé de quatre lames de bambou, l'ancêtre de l'arme actuelle du Kendo), Shinkage Ryu est la synthèse des études des grands courants fondamentaux Azu Kage Ryu, Tenshin Shoden Katori Shinto Ryu et Nen Ryu. Cette formation donna par la suite naissance à de nombreux branches : Yagyu Shinkage Ryu, Yagyu Ryu, Taisha Ryu, Shinkan Ryu, Hikita Kage Ryu, Okuyama Ryu, Kashima Shinto Ryu, etc.

 

Autour du personnage de Kamiizumi Ise No Kami Nobutsuna

 

La légende veut que Kamiizumi se soit rendu au temple Myôkoji, à Ichinomiya, dans la préfecture de Aichi. Armé d'un sabre, un déséquilibré avait kidnappé un enfant et se cachait avec lui dans une grange. Kamiizumi se rasa alors la tête et emprunta à un prêtre bouddhique sa robe Kesa. Parti sans arme, il se diriga vers la grange et s'approcha du ravisseur avec deux boules de riz dans un bol. Il utilisa le riz pour faire baisser la garde de son adversaire, s'empara de son sabre et le tua. L'enfant fut libéré sain et sauf.

 

Près de quatre siècles après, cette scène a inspiré le grand réalisateur Akira Kurosawa dans son très célèbre film " 七人の侍 / Les Sept Samouraïs " (1954).

Le Seitei Iaï

Créée en 1953, la Fédération Japonaise de Kendo, Zen Nippon Kendo Renmei dite ZNKR, intégra le Iaïdo en 1957 et établit, sur le modèle du Kendo, les grades et titres correspondants : les Dans (Shodan, 1er à Jyudan, 10ème), ainsi que les Shogos (Renshi, Kyoshi et Hanshi). En 1969, elle a conçu et développé une nouvelle école conventionnelle appelée Seitei Iaï, ou encore, Iaï ZNKR, Zen Ken Ren Iaï, afin de d'unifier les styles de Iaïdo existants et d'en disposer d'une base de pratique commune, plus intelligible et accessible au grand public. Cette discipline comporte depuis l'an 2001 douze Katas (auparavant dix) inspirés des Katas de divers Koryus, tout au moins des écoles Muso Shinden Ryu et Muso Jikiden Eishin Ryu pour les sept premiers.

 

Le Seitei Iaï, s'adressant aux débutants de Iaïdo, et également, aux pratiquants de Kendo, permet ainsi de s'initier à cet art dans des conditions optimales sans l'obligation d'engagement dans une école spécifique. Seul style du Iaïdo reconnu par l’IKF - International Kendo Federation, et donc, requis pour les examens de passage de grade fédéraux, ce système académique montre toutefois ses limites à long terme : il s'agit en effet plus de la méthodologie d'apprentissage que de la dimension de l'art martial elle-même ; il convient par conséquent de compléter la formation par l'étude et la pratique d'une école ancienne pour en acquérir et en bénéficier l'esprit, le sens et la tradition.

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